L'aventure Caudron
Les débuts des frères Caudron
Gaston Caudron est né le 18 Janvier 1882 et René le 1er Juillet 1884 à Favières, petit village du canton de Rue, où leurs parents sont agriculteurs.
Depuis toujours attirés par la mécanique et observant le vol des oiseaux en Baie de Somme, ils s’intéressent aux travaux des frères Wright publiés dans les journaux et à ceux d’Otto Lilienthal.
Tout débute à la ferme de Romiotte, à Ponthoile, où Gaston et René construisent un biplan de 60 m² de surface alaire sur lequel doivent être installés deux moteurs Farcot.
Mais, las d’attendre ces moteurs, c’est en mai 1909 qu’ils font tirer l'appareil par leur jument « Luciole ». Le planeur s'élève et vole quelques centaines de mètres.
Persistant dans leur projet, les deux frères construisent un modèle plus petit, font de nombreux essais, puis placent l’hélice à l’avant, en prise sur un moteur Anzani.
Du 1er aéroplane construit à la ferme au Caudron G.3, cinq années seulement permettent aux frères Caudron d’être reconnus avionneurs.
Déjà en 1913, René Caudron présentait le Caudron G.2 au roi d’Espagne Alphonse XIII et au Président de la République Raymond Poincaré.
En 1910, les frères Caudron construisent une usine à Rue et investissent dans la formation de pilotes en créant une école civile de pilotage au Crotoy qui se double d'une école militaire en 1913. Elle perdurera jusqu'en 1928.
Des pilotes y sont brevetés dès 1911 par l'aéro-club de France. Certains d'entre eux deviendront célèbres : Maurice Allart, Auguste Maïcon, Pierre Chanteloup et bien d'autres.
Les nombreux meetings aéronautiques auxquels participent les deux frères montrent l'effervescence et l'émulation provoquées par les progrès techniques et industriels.
Le Caudron G.3 sort en mai 1914 de l'usine de Rue.
Pendant la grande guerre
En septembre 1914, du fait de l’avancée des troupes allemandes, ils sont dans l’obligation de transférer leur usine de Rue à Lyon et à Issy-Les-Moulineaux.
Dès le début du conflit, les pilotes effectuent des missions de reconnaissance avec le G.3.
Le G4 vient ensuite. Il est le premier bimoteur Caudron, sorti des ateliers au début de l'année 1915. Il est plus puissant et apte à transporter des bombes. Cet appareil est alors choisi pour équiper plusieurs escadrilles Caudron.
Les pilotes, observateurs et mitrailleurs réalisent des missions dangereuses :
-- lors de vols de reconnaissance sur les positions ennemies ;
-- pour la prise photographique des lignes allemandes ;
-- pour renseigner l'artillerie dans les opérations de bombardement ;
-- et en soutien à l’infanterie lors des attaques.
Au total, plus de cinquante escadrilles sont équipées d'avions Caudron pendant la Grande Guerre.
Gaston Caudron met en œuvre un avion triplace avec fuselage : le R.4
C’est au cours d’un accident avec cet appareil que Gaston se tue le 12 décembre 1915.
Les R.4 sont affectés à des escadrilles en 1916 ; suivi, la même année, du G.6.
En 1918, le Caudron R.11 est équipé de cinq mitrailleuses et assure la protection d’avions de bombardement.
En 1920 l'usine de Lyon est vendue. Paul Deville, militaire affecté au bureau d'études de Lyon continue après les hostilités à travailler avec René Caudron au sein de "Caudron Aéroplanes" à Issy les Moulineaux.
Au Crotoy, l'école de pilotage continue d'accueillir des élèves. Néanmoins, René Caudron décide de développer la formation au pilotage avec l'ouverture d'autres écoles : Ambérieu en Bugey, Guyancourt - Voisin le Bretonneux, Rochefort sur Mer, Royan et Royan Médis pour la formation des mécaniciens. Le G.3 équipe alors ces centres, relayé ensuite par le Caudron C.59 (sorti en 1921) et par le Luciole (sorti en 1931), tous deux étudiés par l'ingénieur Paul Deville.
Ces écoles Caudron ont formé environ 9000 pilotes jusqu'en 1939.
Les avions de transport
Dès 1920, René Caudron et Paul Deville créent des appareils pour le transport, l’aviation civile et l’entraînement au pilotage.
Destinés au transport de passagers, les avions Caudron C.61 et C.81 équipent la Compagnie franco-roumaine en 1920.
En 1921, Paul Deville étudie l’hydravion qui participe alors au meeting de Monaco. Les pilotes Maïcon et Poirée le remportent en 1921.
LES EXPLOITS
Des appareils G.3 et G.4 appréciés par de nombreux pilotes, servent également, après-guerre, à plusieurs aviateurs pour réaliser des exploits.
Ainsi, Etienne Poulet et Jean Benoist tentent en 1919 de relier Paris à Melbourne ; Jules Vedrines se pose sur le toit des galeries Lafayette ; François Durafour se pose sur le dôme du Goûter (Mont Blanc).
Bessie Coleman, première pilote noire américaine formée à l’école du Crotoy en 1921, se lance dans une carrière de vols acrobatiques.
Adrienne Bolland franchit en avril 1921 la cordillère des Andes, d'Argentine au Chili.
rené caudron et marcel riffard
En 1932, René Caudron embauche l’ingénieur Marcel Riffard, spécialiste en aérodynamisme, comme Directeur Technique. La vitesse des appareils Caudron s’accroît.
Louis Renault prend le contrôle de « Caudron Aéroplanes » en 1933. Jusqu’en 1939 le groupe CAUDRON RENAULT poursuit la fabrication adaptée à plusieurs secteurs d’activité : CAUDRON pour les cellules, RENAULT pour les moteurs.
La coupe Deutsch de la Meurthe :
En 1934, les trois premiers prix sont remportés sur appareil Caudron-Renault : le 1er par Maurice Arnoux, à 389 km de moyenne horaire ; les second et troisième par Massotte et Monville.
En 1935, Raymond Delmotte boucle les 2000 kilomètres de la coupe Deutsch sur un Caudron-Renault C.460 à 440km/h de moyenne et remporte l’épreuve.